Loire
Vous, qui ne voyez que de l’eau,
Lorsque vous regardez mes flots,
Sachez que jadis,
J’étais divine.
De la naissance au trépas,
Les Hommes se confiaient à moi.
Je les portais comme une mère,
Emportant leurs prières
Jusqu’à la mer,
Où elles devenaient lumières,
Au soleil couchant.
Et puis
Dieu est venu.
De la naissance au trépas,
Les Hommes n’écoutèrent que ses lois.
Ils enfermèrent leurs prières
Dans des églises de pierre.
Moi je redevins rivière,
Filant vers la mer,
Et le soleil couchant.
Pourtant,
Lorsque vous regardez bien,
Êtes-vous si certains,
Que ce n’est que de l’eau
Qui roule dans mes flots ?
Qu’advient-il des prières
Qui ne se prononcent pas
Dans les églises de pierre ?
Car il est des enfants
Qui ne naitront pas,
Et dont Dieu ne veut pas.
Car il est des amours
Qui ne se bénissent pas,
Et dont Dieu ne veut pas.
Car il est des morts
Qui ne croyaient pas,
Et dont Dieu ne veut pas.
Puisqu’il ne leur reste que moi
Je les prends dans mes bras
Je les porte comme une mère
Jusqu’à la mer
Pour qu’ils devinent lumières
Au soleil couchant
le 21 février 2024